Et si on mangeait paléo…? (partie 2)


Moins de risques de maladies…?

On est à même de se demander si cette diète permet vraiment de diminuer de risque de maladies et si oui, pourquoi. L’objectif principal du régime paléo, selon ses promoteurs, est d’améliorer l’état de santé général. Et ils vous jureront que le but premier n’est pas la perte de poids à court terme et les kilos superflus mais plutôt un mode de vie à adopter définitivement pour prévenir (ou guérir) plusieurs maladies chroniques. Mais ce n’est pas ce que j’observe dans ma pratique. On peut aussi et à juste titre se poser la question si une telle diète (avec toutes les restrictions qu’elle comporte) est vraiment la solution ou la clé pour demeurer en santé longtemps.

Certaines données sur les chasseurs-cueilleurs indiquent en effet qu’ils souffraient peu des maladies modernes (obésité, diabète de type 2, etc.). En revanche, les bienfaits d’une alimentation riche en fruits et légumes, sources de fibres, de vitamines et d’antioxydants, sur la prévention des cancers, de l’hypertension, de l’ostéoporose sont avérés. De même, une consommation accrue d’aliments riches en oméga-3 (poissons gras, huiles de colza ou de noix, noix, légumes verts à feuilles) a été associée à une diminution du risque de maladies cardiovasculaires. Enfin, un apport élevé en protéines maigres agit bel et bien sur la satiété, le métabolisme de l’insuline et la réduction du poids.

On peut par contre s’interroger à savoir si d’autres facteurs que la transformation des aliments pourraient aussi être responsables de la prédominance de certaines maladies dans notre société. A savoir, la sédentarisation, les pesticides, l’hygiène, des changements dans l’alimentation des nouveaux-nés, la pollution, les ondes, les nouvelles technologies, la présence de certains produits chimiques dans notre environnement, une plus grande densité de population, etc.

Le problème, c’est qu’une bonne partie des emprunts des promoteurs d’un mode de vie «paléo» relèvent davantage du mythe que de la réalité: nos lointains ancêtres avaient certes une diète plus simple, mais ils avaient aussi une espérance de vie de 30 ans. Quant à l’ostéoporose et au cancer, bien qu’ils soient en partie associés à notre siècle, ils sont aussi en partie plus présents du simple fait que nous vivons plus vieux. Aussi, le fait que les chasseurs-cueilleurs menaient une vie très exigeante sur le plan de la dépense d’énergie et que la plupart des aliments sauvages ont une densité énergétique faible a probablement joué un rôle crucial dans la faible incidence des maladies de civilisation chez ce type de population.

Un mode de vie différent du nôtre

Les hommes du paléolithique étaient beaucoup plus actifs que nous. Ils travaillaient beaucoup plus physiquement que nous. Ils chassaient, cueillaient, pêchaient…Il n’y avait pas d’épicerie, tout ce qu’ils mangeaient était ce qu’ils étaient capables de rapporter à la maison. Ils devaient courir après des proies, se battre avec des animaux, chasser des mammouths, fuir d’autres prédateurs…Et à chaque jour, c’était pareil. Comme c’était des peuples nomades, qui se déplaçaient au gré des saisons, du climat, des récoltes et de la chasse, ils prenaient ce qui était disponible et n’avaient pas la liberté de choisir ce qu’ils mangeaient. Ils mangeaient de la viande uniquement quand ils en trouvaient et le reste du temps se nourrissaient de racines et de fruits trouvés par la cueillette. De plus, leur nourriture pouvait varier énormément d’un endroit à l’autre et d’un moment de l’année à l’autre. La différence avec aujourd’hui, c’est que c’était de la survie, pas un mode de vie! Aujourd’hui, nous avons la chance de disposer de tous les aliments dont nous voulons à portée de main.

Diète hypotoxique, sans gluten et paléolithique

Les diètes hypotoxiques, sans gluten et paléolithiques sont toutes des diètes faibles en glucides (low-carb). Elles exagèrent de façon extrême l’influence des glucides sur notre organisme et font de l’insuline la pierre angulaire de tous les maux. Elles démonisent les glucides peu importe leur forme ou leur provenance et tirent des conclusions simplistes qui servent leurs intérêts, se posant en « remède » à tous les problèmes.

Il faut savoir que les céréales sont composées principalement de glucides qui une fois ingérés augmentent notre taux de sucre dans le sang. Lorsque que l’on mange au petit-déjeuner un croissant avec un verre de jus d’orange et un chocolat chaud, notre pancréas sécrète un pic d’insuline et le surplus de glucose dans le sang sera soit utilisé pour l’énergie, entreposé dans les muscles ou le foie (glycogène) ou stocké (converti) sous forme de graisse.

Un déjeuner équilibré, moins sucré et plus riche en fibres (protéines + glucides complexes) ex. Omelette avec 2 rôties de blé entier et 1 fruit frais permet donc de limiter la sécrétion d’insuline (éviter le risque « d’engraisser »), de nous rassasier d’avantage et d’avoir plus d’énergie jusqu’à midi.

RÉGIME HYPOCALORIQUE

Le régime paléolithique est un régime dans le sens où il y a une privation ou une restriction de certains aliments (lait + céréales) et qu’il est hypocalorique, même si vous mangez à votre « faim » ou quand vous en avez envie. Et parce qu’il est tellement drastique, que nécessairement vous ingérerez moins de calories et qu’il vous sera impossible (un jour ou l’autre) de tenir sur le long terme. Qu’on ne se cache pas, le régime paléolithique est bel et bien faible en glucides. Effectivement, il ne restreint ni la quantité de glucides ingérés ni la proportion de notre alimentation provenant de ceux-ci mais leur source (fruits, baies, racines, plantes!?) contiennent tous une densité calorique très faible! Non seulement vous n’en consommerez pas beaucoup mais vous allez avoir une alimentation hypocalorique. Et ce même si vous mangez beaucoup de légumes riches en glucides (carottes, panais, betteraves, etc.). Car même si leur indice glycémique est élevé, leur quantité de glucides (sucres) est négligeable. Puis, à 23% d’apport calorique quotidien sous forme de glucides, c’est loin des recommandations gouvernementales de 45-65%. Et même si ça fait beau à écrire, dans le vrai monde, qui mange beaucoup de plantes, de racines, de betteraves, de panais, etc.?? Donc , à moins de manger un kilo de carottes par jour…

Exemple type de menu:

Repas du matin:

– Un demi cantaloup

– Saumon aux fines herbes

– Amandes

Repas du midi:

– Salades d’épinard avec de nombreux légumes

– Vinaigrette à base d’huile d’olive et de jus de citron

– Dinde avec sauce aux agrumes

– Noix du Brésil et framboises

Repas du soir:

– Viande de cheval

– Légumes variés cuisinés au wok

– Salade de fruits et graines de sésame

2500 calories là-dedans…???

Le gluten : le coupable parfait

Un peu comme la diète sans gluten, les aliments contemporains seraient responsables (je vous évite le mécanisme complexe) d’un processus d’inflammation chronique du corps et d’un certain nombre de maladies auto-immunes, pour ne pas les nommer. Nos hormones sont « déréglées ». Notre alimentation est « toxique ». On est « malades » et le but est de « décrasser » et de « purifier » le corps de ses toxines.

En pratique

Évidemment certains entraîneurs en profitent (des modes) : certaines gens croient aisément aux solutions miracles ou aux diverses façons d’améliorer leur bien-être, valables ou non. Je devrais probablement écrire une chronique éventuellement sur « comment faire de l’argent ». J’ai eu en effet par le passé 2 clients ayant le syndrome de colon irritable. Évidemment, le blé et les produits laitiers étaient à bannir puisqu’ils engendrent chez ces personnes plusieurs symptômes indésirables. La plupart des gens qui sont obligés de les couper n’en sont pas heureux. Les autres, comme je constate dans le domaine de l’entraînement, suivent des modes. Ils coupent les grains et le gluten non pas en dernier recours pour une intolérance ou une allergie mais simplement pour perdre du poids et avoir l’air plus « cut ».

Lire la suite:

Et si on mangeait paléo…? (partie 3)

Relire:

Et si on mangeait paléo…? (partie 1)